dimanche 6 juillet 2008

BURKINA FASO:Les Touaregs maliens se réfugient à Ouagadougou


Alors qu'au Mali, les combats font rage au nord du côté de Kidal entre l'armée régulière malienne et les rebelles Touareg, les premiers réfugiés commencent à affluer vers le Burkina Faso. Le pays voisin leur offre une nouvelle fois l'asile. Depuis, les années 90, le Burkina Faso reçoit régulièrement des vagues de réfugiés touaregs en provenance du Mali et du Niger. Cette année, près d'un millier d'entre eux, en provenance de Tombouctou, Kidal et Gao, a déjà franchi la frontière en quelques mois. La plupart ont été accueillis au stade du 4 août à Ouagadougou. Les autorités burkinabé craignent un afflux massif de réfugiés maliens.


En Afrique, les stades ne servent pas qu'à recevoir des équipes de football.. Depuis deux mois, le stade de Ouagadougou accueille des réfugiés touaregs maliens. Des hommes, des femmes, jeunes et vieillards ont laissé le peu qu'ils avaient, du bétail surtout, pour fuir les combats entre l'armée régulière et les rebelles touaregs. Ils craignent, comme par le passé des exactions contre les populations civiles. Issa Ag Agalass, leur porte-parole, a fait plus de mille kilomètres à pied et en camion, pour trouver refuge au Burkina Faso. Comme les autres, il a tout laissé pour fuir une situation instable où le pire est à craindre : "les gens ont peur. On a vu par le passé beaucoup de civils parmi les touaregs se faire assassiner".
Pourquoi vous n'allez pas vous réfugier à Bamako par exemple, dans la capitale ?"Non, on voit que Bamako, c'est le même problème, parce que Bamako, c'est la capitale du Mali. Dès qu''on arrive à Bamako, c'est encore les mêmes problèmes".
Trois fois par jour, un repas chaud est servi. Un plat de pattes et un peu de viande. Le reste du temps, les hommes discutent entre eux autour du thé et écoutent sans espoir, les dernières nouvelles de là-bas. Les femmes quant à elles lavent le linge et s'occupent en confectionnant des porte-clefs. Tout un symbole pour ces nomades habitués à vivre dans la liberté, sans maison ni serrure. Aujourd'hui, malgré l'ennui, la promiscuité, tous apprécient l'accueil des Burkinabe. Amdi, une jeune réfugiée touareg, s'est fait quelques amis parmi les vendeurs à la sauvette qui proposent des fruits et des cigarettes. Il remercie les Burkinabés pour "l'accueil chaleureux" qu'on leur a réservé. "Vraiment, ils ont été très gentils avec nous", ajoute-t-il.
Régulièrement, la Croix rouge burkinabée visite ce camp de fortune pour apporter des matelas et couvertures aux nouveaux arrivés et faire le point sur l'état de santé, moral des réfugiés. C'est l'occasion pour les employés de l'organisation internationale de les recenser et de remonter le moral de ceux qui ont tout perdu. Pour Karim Ouédraogo, responsable du service de recherche Croix rouge Burkina Faso, qui note avec précisions les attentes des uns et des autres, il est important de les maintenir en contact avec ceux qu'ils ont laissé sur place. "Nous mettons tout en place, insiste-t-il pour aider ces gens-là à avoir des nouvelles concernant les membres de leurs familles".
Face aux tensions grandissantes au Nord du Mali, le Burkina Faso craint l'arrivée massive de réfugiés Touareg. Cet accueil a un prix. Le pays lance un appel à la communauté internationale. Monsieur Djibril Bassolé, le ministre des Affaires étrangères burkinabé en personne a visité les réfugiés touaregs maliens au stade du 4 août, pour s'enquérir de leur sort... Pour Amadou Sanfo, chargé de la protection à la Conaref (Commission nationale pour les réfugiés), le Burkina Faso est une terre d'hospitalité. Malheureusement, les derniers évènements au Mali laissent craindre un afflux massif de population comme dans les années 90. "La seule solution, précise-t-il, face à l'afflux massif, c'est de constituer des camps. Ce que nous faisons actuellement pour pouvoir les héberger mais nous demandons à la communauté internationale également de nous assister pour qu'on puisse gérer ce flux important de personnes".
Si les Touareg, peuple fier et endurant ne se plaignent jamais, beaucoup ici, derrière les murs en béton du stade, trouvent le temps long, loin, très loin de l'immensité saharienne

 

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