Assurément, lui, Mamadou Tandja, aurait choisi, s’il lui appartenait de décider, la première option. De quoi ? De ce qu’écrivait, déjà, en 1787, l’auteur de la Déclaration d’indépendance, plus tard président américain, Thomas Jefferson (1801-1809) : « S’il m’appartenais de décider si nous devons avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un instant à choisir la seconde option ».
Ce que l’Américain avait compris au 18e siècle de l’importance de la presse pour l’épanouissement de la démocratie et donc pour le développement de la créativité d’un pays, plus de deux siècles après, le chef de l’Etat nigérien, lui, fait ou feint de faire preuve d’une ignorance… criminelle en la matière.
Malheur donc aux journalistes nationaux et étrangers qui sortent des rangs du colonel-président nigérien. Drame pour la liberté tout court dans l’une des nations les plus pauvres du monde.
En butte à une rébellion touarègue, qui sévit dans le nord de son pays, dont il a pendant longtemps nié, piteusement, la réalité, pourtant criarde, Mamadou Tandja s’évertuera à faire de l’omerta, la loi du silence, son principe de gestion de la crise. Un secret de Polichinelle, dont la moindre évocation dans la presse équivaut à un passeport pour la prison.
Et tous les gratte-papiers qui se sont intéressés au problème touareg en seront pour leurs frais.
Thomas Dandois et Pierre Cresson, journalistes français : un mois d’embastillement au camp pénal de Kollo (30 km de Niamey) pour avoir réalisé un reportage sur la rébellion touarègue au compte de la chaîne franco-allemande ARTE ;
Moussa Kaka, correspondant de RFI, tâte, depuis le 20 septembre 2007, de la prison à Niamey pour les mêmes griefs ; Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication d’Aïr info, emmuré le 9 septembre 2007 à Agadez, pour avoir écrit sur la rébellion.
Après un torrent d’avertissements et de mises en demeure à l’encontre de plusieurs médias nigériens, le Conseil supérieur de la communication (CSC), organe de régulation, a charcuté, dans le vif, la liberté d’opinion, déjà moribonde. En effet, le 28 août 2007, tonnerre dans les rédactions : interdiction formelle de débats en direct sur les antennes des radios et télévision au Niger.
Dernier fait d’armes du colonel Tandja, dont le canon est constamment braqué sur les médias : la fermeture, le lundi 30 juin dernier, de la maison de la presse du Niger. « Raison » invoquée :
ce lieu de rencontre des journalistes servirait de « bastion aux puissances occidentales », dont certains apparaissent, aux yeux du pouvoir local, comme des comparses du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), le mouvement de la rébellion. Un prétexte supplémentaire pour frapper la presse d’estoc et de taille.
Après s’en être pris à leur droit d’informer, voilà que l’homme fort de Niamey en veut maintenant à la liberté de réunion des journalistes dans son pays. Jusqu’où ira-t-il dans l’escalade de la répression ? Sans doute ne faut-il pas s’attendre à un desserrement de l’étau de la part d’un président qui veut gouverner sans journaux.
Quand on prive les citoyens de l’information, dont ils ont besoin pour être libres, bénies seront les armes dont ils se serviront pour recouvrer leur liberté.
samedi 5 juillet 2008
Niger : Le colonel Tandja dynamite la presse
Publié par منظمة شباب الطوارق من اجل العدالة والتنمية
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